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Serendipity Première
16 février 2006

L'art d'être malade

Pourquoi, me direz-vous, tomber malade?
En effet, ce n'est jamais agréable d'être grelottant sous une pelisse chaude un bel après-midi d'été. Encore moins savoureux de ne pouvoir embrasser son cher et tendre pour raison de contagion. Et carrément pas drôle de devoir demeurer cloîtré chez soi quand tout le monde autour de vous virevolte dans le tumulte de la vie.
Le fait est que l'on tombe malade sans le vouloir, mais pas sans raison.
Le corps a des limites que la raison ignore souvent.
Un microbe à sa portée et le voilà tout chamboulé. Un passé lourd à porter, on le croirait effondré. Une émotion forte à gérer,  c'est sûr il est dépassé. Un désaccord avec le remède préconisé, il est allergisé !

Tous les corps sont différents cependant et tous n'ont pas la fâcheuse manie de s'exprimer clairement. Dame Nature fut généreuse avec moi, elle me pourvut il y a presque vingt-neuf ans d'un ensemble bien organisé qui se chargerait de me rappeler à l'ordre à chaque écart grave de ma part.
Le dernier écart en date m'aura valu quelque désagréables semaines durant lesquelles mon gentil petit support n'aura eu de cesse de dire "ça ne va pas!" sans pour autant nous fournir d'explication... C'eût été trop facile !!!

Récit d'une aventure qui se finit bien...

Début novembre je subissais une intervention bénigne qui se passa fort bien à un détail près : l'anésthésie n'eut aucun effet appaisant me laissant aux prises avec une douleur assez désagréable.
Un bon petit coup d'adrénaline plus tard, mon corps ne s'en laissa plus compter et se chargea de me faire comprendre qu'il avait besoin de repos. Il eut alors l'idée géniale de commander quelques crises de spasmophilie  (je devais apprendre plus tard que ce sont en vérité des crises d'angoisse panique, spasmophilie étant le nom qu'on leur attribue pour faire joli).
Me voilà donc en route pour une nouvelle partie de "j'arrive plus à respirer" et , après quelques anxiolitiques et une piqûre de valium, on me propose un anti-dépresseur très efficace contre la dite spasmophilie. J'accepte bien entendu. Les résultats ne se font pas attendre, tout va pour le mieux.
Et l'histoire aurait du s'arrêter là.

laboQue nenni ! Mon très cher compagnon de corps n'étant pas ravi de cette compagnie se met en quête d'élaborer un autre moyen de me le faire entendre...
Quinze jours plus tard il trouve sa solution : il m'empêchera de digérer...
Commence alors une valse infernale entre examens, diagnostics et remèdes. Les hypothèses d'abord multiples se feront de plus en plus restreintes pour n'être plus qu'une présomption que rien ne viendra étayer. La solution, l'ultime, sera trouvée presque par hasard.

Récit.

La première supposition fut la présence de vilains champignons intestinaux qui empêcheraient la digestion. Après examens, on en trouva en effet. Le remède était donc facile à deviner : un anti-fongique. La seule difficulté étant alors de réussir à le digérer. On y ajouta donc quelques spasfons, un pansement gastrique, de petits ultra-levure et le tour était joué.

Las. Après une semaine de traitement la digestion ne se faisait toujours pas. Je me rendis chez un médecin, la veille du noël en famille. J'accusais alors une perte de six kilos et un gros coup de fatigue. Si j'avoue être entrée ce jour-là dans ce cabinet de province le coeur peu léger, j'en suis ressortie abasourdie : dans le meilleur des cas on parlait d'une intolérance à un antibiotique pris quelques mois avant (mais tout en le disant le médecin me fit comprendre que ce ne serait pas cela) ou d'un vilain microbe ramené de mon séjour en Chine (là encore on me dit que c'était peu probable); dans le pire des cas c'était le sida ou la maladie de Crohn.
Le soir même premiers résultats, ce n'était pas le sida, encore moins un microbe ramené de Chine. Le lendemain la suite, toujours et définitivement pas de microbes et pas d'intolérance antibiotiques.
La maladie de Crohn...
Un torrent de larmes et puis non, c'est Noël, on attendra que ça soit confirmé pour pleurer.
Prise de rendez-vous avec un médecin pour le jour du retour à Paris.

Pause. C'est Noël.

A ce moment là, je dois bien vous le confesser, j'en avais déjà soupé des examens médicaux et plus encore de ce doute vicieux qui s'installe dès lors qiu'on vous suppose une maladie.
Il faudrait pourtant bien m'y résoudre, il allait falloir y retourner, jusqu'à ce qu'ils trouvent.

Retour sur Paris.
Prises de sang, analyses, autres analyses. Rien
Endoscopie, fibroscopie, biopsie. Bonne nouvelle : ce n'est pas la maladie de Crohn ! Mauvaise nouvelle : il y a trois autres possibilités dont la plus probable serait une tumeur au pancréas.
Nouvelles prises de sang à partir des nouveaux éléments.
Attente des résultats des biopsies et des analyses en cours.
Mais en attendant, rien ne va plus, dix kilos de perdus et surtout une vilaine déshydratation qui s'est installée. Une hospitalisation prévue après le nouvel an pour la pose d'une voie centrale qui me nourrira jusqu'aux résultats.Jjusque là on bricole une installation avec l'infirmière à la maison et hop c'est parti les perfusions... quatre heures pour un grand flacon.
Et puis, comme je vais être hospitalisée, on me demande d'arrêter de prendre les anti-déprésseurs, vous savez ceux qui luttaient contre la spasmophilie...

Et là, tout le monde a souri. La solution, c'était ça.040204antidepresseur_zoloft_n

Je perdrai encore près de trois kilos après la découverte de cette allergie avant de reprendre progressivement du poids et d'afficher aujourd'hui un petit 51.

J'aurais pu m'effondrer pendant, je l'ai fait après et je suis alors partie respirer de l'air frais. Je suis revenue remplumée,  avec une nouvelle idée : en profiter.
Dernières étapes, relancer la machine en lui apprenant à fonctionner avec gentillesse et avec moins de muscles, puis en refabriquer, des petits muscles.

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