Match point : l'histoire d'UNE mort...

Une décision un peu hâtive, précipitée : le musée fermait tôt, le métro et ses changements avaient décidé de ne pas nous arranger, le cinéma était juste à côté, l'horaire convenait.
Un fauteuil rouge -lui, un autre à droite -moi.
Un film -Match Point, un homme -Wody Allen.
Je regarde, me laisse pénétrer sans résistance par ces images, ces idées, ces émotions. Je laisse le désir monter pour cet homme adoré, là, juste à côté.
Je laisse ce désir montré, suggéré, devenir mien, jusqu'à tendre une main.
   
Et puis je sens venir en moi cette colère. Contre cet homme-là, juste devant, sur l'écran, qui sacrifie une vie -la vraie; une vie contre un confort paillette, consanguin, malsain. C'est écoeurant, pourtant si fréquent. C'est jubilatoire, exhaltant, Woody comprend et nous ne sommes donc pas seuls à avoir vécu ou vu cette absurdité :  préférer à ce que notre coeur réclame, ce que notre raison clame -  l'inverse quelquefois.

Et là, sans prévenir, me vient cette envie de te hurler à toi, l'homme qui est passé dans ma vie en y laissant des marques, l'envie de te hurler : "Où étais-tu entre ce "love and lust"?". Hein, où, dis, où, étais-tu?
Je la regarde l'appeler, lui dire "tu me manques", j'observe Woddy filmer la découverte du mensonge à travers une vitre... just a glimpse and everything change. C'est déjà difficile de découvrir le mensonge, c'est encore plus atroce de se savoir ensuite, encore, la proie de ce mensonge latent... de cet égoïsme tuant, d'une lâcheté en somme... Et je me sens sale.

Noir. Fin d'une tranche de vie.
Lumière. Début d'une nouvelle séance. Sa main dans la mienne : balbutiements d'une autre vie.